Pourquoi « résistantes » au féminin ? À la fin de la 2nd guerre mondiale, très peu de femmes sont récompensées par des décorations : seules 6 (dont 4 à titre posthume) sont reconnues compagnons de la Libération pour 1024 hommes. Mon choix s’oriente ainsi vers des portraits de femmes exemplaires, souvent peu ou mal connues, dans le but de rendre hommage à ces rôles féminins quelques peu oubliés.
Un projet qui me tient particulièrement à cœur car j’y vois une possibilité de mettre en valeur des portraits méconnus, profondément humains et admirables qui me semble souvent plus intéressants que les figures de proue mises en avant dans les médias. Il existe tant de personnes véritablement inspirantes dans l’ombre, les « humbles héros » pour reprendre l’expression de Frédérique Bedos et son ONG « Le projet Imagine » !
Il s’agit d’un travail en cours d’élaboration qui souhaite évoluer vers ces humbles héros de notre époque, en continuant à proposer des portraits iconiques pour nourrir admiration, réflexion et qui sait, vocation ?
Résistantes
2019-2021
sérigraphie
TOUS AVEC VOTRE TEE-SHIRT “MERCI JOSÉPHINE”
AU PANTHÉON LE 30 NOVEMBRE 2021 !!!
Joséphine Baker entre au panthéon, une sacrée nouvelle qui me réjouit !
Courage, générosité, résistance sont ainsi mis à l’honneur avec une touche de paillette.
Sophie Scholl et “La rose blanche”
Née en 1921 en Allemagne, elle est l’un des piliers du réseau « La Rose blanche » (Die Weiße Rose), groupe de jeunes étudiants, épris de culture, littérature, musique et imprégnés d’une forte spiritualité, qui éprouveront les premiers le devoir de s’opposer à la folie meurtrière du parti nazi. Une résistance civile sous forme de tracts, fruit d’une réflexion nourrie de culture classique, distribués « sous le manteau » à partir de 1942. En 1943, après avoir lancé avec son frère Hans des tracts dans la cour intérieure de l’université de Munich, ils sont dénoncés par le concierge, condamnés à mort très rapidement et guillotinés. Sophie, drapée dans une attitude qui force l’admiration de ses bourreaux, est la première exécutée.
Le 27 juin 1943, Thomas Mann leur rend hommage sur les ondes de la BBC : « Courageux, magnifiques jeunes gens ! Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés ».
Andrée de Jongh surnomée “Dédée”
Elle naît en 1916 à Schaerbeek. Dans la résistance belge, elle est cofondatrice du réseau Comète, filière qui permet de faire évader volontaires de guerre, résistants et soldats alliés – dont de nombreux aviateurs – en les accompagnant de la Belgique vers l’Espagne. Avec la Française Marie-Madeleine Fourcade, elle est l’une des très rares femmes chefs de réseau de résistance. Capturée, Andrée avoue qu’elle est la fondatrice de la ligne d’évasion, mais la Gestapo ne la croit pas, ce qui lui sauve la vie. Internée dans plusieurs prisons, puis dans des camps de concentration, elle est libérée par la Croix-Rouge internationale en 1945.
Après la guerre, elle entame des études d’infirmière. En 1954, elle part soigner les lépreux au Congo belge puis au Cameroun, en Éthiopie et enfin à Dakar au Sénégal avant de revenir en Belgique en 1981.
Mila Racine
Vers 1922, Mila et sa famille, fuyant le régime soviétique, vont faire le choix de la France comme pays d’accueil. En 1942, elle rejoint la Haute Savoie pour devenir la responsable de section d’une organisation juive résistante, et prends en charge des convois d’enfants en les accompagnant jusqu’à la frontière Suisse. Arrêtés par une patrouille allemande lors d’un périlleux sauvetage, elle sera déportée à Ravensbrück où elle meurt en 1945. Ses compagnes de camps dont Germaine Tillion la décrivent unanimement comme une femme d’exception, apportant inlassablement aide et réconfort aux internées : « On lisait dans ses yeux (…) la ferme détermination de ne pas se laisser vaincre ni par l’ennemi, ni par ce milieu dans lequel nous vivions ». Belle, intelligente, militante, courageuse et remarquable à tous égards, Mila reste fidèle à ses idéaux : la fraternité, la solidarité et la protection de l’enfance persécutée par le nazisme.
Joséphine Baker
Un mythe ! Tout le monde connaît la Joséphine dénudée avec sa ceinture de banane.
Mais Joséphine est incroyable pour d’autres aspects de sa personnalité et de son histoire qui restent méconnus : une résistante et militante anti-raciste ainsi que la mère d’une famille « tribu arc-en-ciel ».
Citoyenne Française, Joséphine est recrutée dès 1939 par le 2ème Bureau des Forces Françaises Libres et sera une active résistante. Elle servira de couverture au capitaine Abtey (chef du contre espionnage militaire à Paris) grâce à sa renommée internationale lui permettant de circuler librement et ainsi d’aider des réfugiés à quitter le pays. Au cours de soirées officielles, elle devenait agent de renseignements et ses partitions de musique permettaient aussi la transmission de messages codés. Envoyée en mission au Maroc, elle chantera bénévolement devant les troupes françaises et alliées stationnées en Afrique du Nord malgré de graves problèmes de santé.
Joséphine fut de tous les combats et utilise sa notoriété pour lutter contre le racisme qui reste omniprésent à la fin de la guerre. Elle fut la seule femme à prendre le micro lors de la « Marche de Washington » au côté de Martin Luther King en 1963.
A partir de 1955, elle crée son « Village du Monde » au Château des Milandes où elle adopte avec son mari… 12 enfants de nationalités et de religions différentes pour former la « Tribu Arc en Ciel » !