Une série au caractère japonais, qui présente des ambiances fortes, grâce à la fusion osée de différentes techniques.

Un beau mariage de l’esprit occidental et de l’Extrême-Orient anime ces tableaux qui convient à une promenade dans la toile au gré de son état d’esprit et de ses émotions ; l’oeuvre d’Extrême-Orient est par nature, une invitation au voyage du coeur et de l’esprit : le “I” et le “shen”. L’encre vous conduit dans le paysage de l’âme.

” La cosmologie chinoise est fondée sur l’idée du Souffle, à la fois matière et esprit. A partir de cette idée du Souffle, les premiers penseurs ont avancé une conception unitaire et organique de l’univers vivant où tout se relie et se tient. Le Souffle primordial assurant l’unité originelle continue à animer tous les êtres, les reliant en un gigantesque réseau d’entrecroisements et d’engendrement appelé le Tao, la Voie (…) Le Vide prend ici un sens positif, parce qu’il est lié au Souffle ; le Vide est le lieu où circule et se régénère le Souffle.”    
François Cheng,Cinq méditations sur la beauté”

Cette trinité du Souffle, du Vide et du Plein est très ancrée dans l’œuvre de Sybille M, qui, dans cette nouvelle série, avance encore un peu plus loin dans son travail sur la Nature.

Une envie de grand format à l’encre guide, à l’origine, cette nouvelle recherche ; mais l’artiste se désespère des difficultés de transport et de présentation liées aux grands formats papier… Née alors l’idée de se lancer sur un large morceau de toile libre, et d’observer les possibilités. L’eau ne pénètre pas dans la toile, évidemment, mais permet de travailler en fusion dans l’humide et en “sec sur sec”, comme sur du papier, taches haboku en devenir. Jeu d’expériences, séchage et remouillage. Rehaut de feutres. Le résultat est encourageant, mais pas totalement satisfaisant pour Sybille M. Les rouleaux de toiles vont dormir un an dans l’atelier jusqu’à leur renaissance : l’artiste a trouvé comment les reprendre. Elle les monte sur chassis pour accueillir un nouveau jeu de matières : de merveilleux papiers origami, comme une broderie, un glacis de peinture à huile par endroits et quelques lignes de pastel gras complètent ces grandes encres.

Bref, un ensemble de matières inattendues qui offre finalement une fluidité étonnante à ces paysages qui s’étirent ou s’allongent, et jouent avec les éléments : la terre, l’eau, l’air, le feu.