Main d’or, peinture en couleurs

Sybille Mathiaud, une peintre à l’œuvre pleine de vie et d’énergie. La peinture, c’est la réalité de l’émotion, affirme-t-elle. Rencontre.

celinescouteloupSybille Mathiaud, ancienne du Master communication de Marne-la-Vallée promo 2002, m’avait déjà impressionné par son talent naissant. Encore étudiante, je lui demandais de réaliser une toile sur le thème « C’est un Signe ». Elle s’exécuta et puisa alors son inspiration dans les couleurs et matières indiennes. Ce tableau orne aujourd’hui l’appartement d’un de mes clients à qui je l’offris à l’issue de l’exposition que nous avions organisée.  Depuis, que de chemin parcouru… des chemins qui croisent régulièrement le mien, soit au cours d’expo, de salons, de galeries.. mais aussi de heureux hasards qui amènent Sybille à accrocher ses toiles dans la galerie de la rue Lamarck !

Alors, oui, je suis fan et je vous invite à découvrir, par le regard de ma journaliste préférée, cette artiste peintre qui enseigne et travaille aux ateliers de la Main d’Or, petit passage dans le XIe, au nom tout simplement incroyable. Céline E. a toi les questions et l’objectivité d’une première rencontre ! 


Joél Knafo, directeur du Master communication de Marne-la-Vallée

Sybille Mathiaud, peintre, 2010

sybille M- peinture flamenco Comment êtes-vous devenue peintre ?

Je ne me suis jamais dit que je serais peintre. Les choses se sont faites en douceur. J’ai suivi un cursus de lettres modernes, d’histoire de l’art, de communication et toujours, en parallèle, j’ai conservé mon activité de peintre. J’ai travaillé en entreprise, avec la peinture à côté. C’était à un moment où exposer, vendre, donner des cours et peindre devenait une histoire possible !

On le voit à votre site et ses offres, à tout ce que vous organisez, cela semble très naturel pour vous d’associer communication à peinture…

Oui la communication est un outil pour moi ! Elle me permet de parler de ce que je fais, et c’est un vrai plaisir. C’est vrai que quand je discute avec d’autres, on me renvoie l’image d’une peintre qui sait relativement bien y faire aussi de ce côté-là. Le site propose des petites œuvres à prix moindres, des cartes de vœux, et je vois ça comme des petits outils supplémentaires. J’aime aussi travailler sur mes expositions etc. Même si c’est assez fastidieux. Et qu’il y a un temps pour tout. Je ne peins pas quand je suis trop prise dans des questions de logistique par exemple.

Enseigner la peinture, est-ce pour des revenus supplémentaires ?

Oh non, vraiment ! Oui je connais plusieurs artistes, qui enseignent en effet pour ça. Mais vraiment, je prends plaisir à le faire, j’en ai même besoin. Ce sont des contacts humains très riches, du relationnel dans cette vie de création qui est quand même très solitaire.

Promenade picturale. Peinture pleine de vie et de couleurs, les toiles étalent leurs matériaux, leurs compositions, leurs thématiques, leurs techniques variées comme autant de fleurs ouvertes sur soi et l’autre. Imprégnées de thématiques favorites, pommes, musiciens, figuratifs, nus, paysages, paysages-poêmes, flamenca s’y croisent et s’y recroisent souvent. En cette époque de roucoulements, le printemps s’incarne en Sybille, comme tous les ans, et déverse ses couleurs foisonnantes directement sur ses toiles.

La couleur, primordiale dans votre peinture…

Oui ! Elle l’a toujours été, même pendant tous les exercices que j’ai eu à faire, j’étais celle qui en donnait énormément. Il y a ceux qui travaillent sur des gris, du noir, du neutre et qui doivent faire l’effort pour ajouter quelques touches de couleur…Pour moi c’est tout le contraire !

Musique, flamenco, autres arts, ce sont des thématiques déjà très chargées émotionnellement. N’est-ce pas une facilité, de les ‘utiliser’ pour créer de l’émotion ?

(Silence prudent, peut-être oui, peut-être non, me ‘dit’ Sybille). Je ne sais pas, en tous cas je crois que ce qui vous touche profondément, c’est ce que vous allez bien représenter. Mon frère était pianiste, d’où ce tableau. C’est l’évasion, par cette fenêtre, parce que son piano est vraiment son évasion. Il est presque en lévitation, de dos parce que je l’ai toujours regardé de dos, et vers ce ciel.

Et ce rouge sur son vêtement…Le cœur, le sang, l’émotion ? Ce rouge qu’on trouve partout…

Je crois vraiment qu’il se passe quelque chose de chimique entre moi et le rouge ! Il est toujours là, c’est lui qui donne l’énergie, toujours, à l’ensemble.

Vous avez beaucoup voyagé. Inde, New York, Italie, Vietnam, etc. On a tendance à penser que le voyage est directement source d’inspiration. Dans votre cas ?

Bien sûr. Mais ça ne se fait pas tout de suite. Il y a un temps, et puis parfois quelque chose revient, bien plus tard. New York m’a inspiré des peintures à l’huile sur planches directement. On y voit la hauteur, la représentation sous différents angles. Florence m’a fait travailler mes croquis, et donc progresser, mais pas vraiment de peintures. Le Vietnam à l’inverse ne m’a pas marquée plus que ça, parce que je ne partais pas dans un contexte où j’étais vraiment au contact du terrain et de la population locale.

Et l’Inde, ajoute-t-elle plus tard…
Maintenant que j’y pense, il me semble évident qu’elle est liée à mon obsession des couleurs ! Dit-elle en souriant à la révélation. Mais elle sourit toujours, comme les pommes amoureuses de la vie qu’elle a pu peindre.

Dans cet atelier, il y a un trompettiste, qui s’est incrusté dans la toile comme une évidence, une fois le fond défini, même chose pour un marocain… Je suis intriguée par ses personnages qui font écho à un fond plutôt que d’être les sujets d’origine. Il y a une bibliothèque qui se compose petit à petit, un désert rouge et vert et bleu, des Girls au nombre de trois, dont ‘La pauseuse’. Grande expression et pourtant impossible à déterminer, mystère qui ne se donne pas mais présence forte : ‘J’ai essayé de moins donner peut-être ici, me dit la peintre. On m’a déjà reproché d’être trop généreuse tout de suite.’

Que montrez-vous de la réalité ?

Mes peintures ne sont pas très réalistes. (Elle me montre ses danseuses de flamenco, installées à côté de nous, comme exemple d’une image déformée par rapport à un supposé réel). Mes fleurs aussi, moi qui n’aime pas du tout les trucs nian nian, elles sont peintes d’une façon absolument pas réaliste…Je peins les robes de mes danseuses comme je peins mes fleurs d’ailleurs ! Mais ce qui est très réel : c’est l’émotion.

La peintre ajoutera : Aujourd’hui, il y a tellement d’œuvres contemporaines qui font mal, qui sont si noires, et je sais bien que notre monde n’est pas…(grimace qui remplace bien un adjectif). Mais il y a aussi de la beauté dans ce monde…Je crois que c’est ce que je veux montrer.