Depuis l’apparition des plantes terrestres il y a 500 millions d’années, de nombreuses espèces ont disparu, mais plusieurs résistent depuis une éternité… «les survivantes»!
Mes sérigraphies entremêlent des images de « plantes résistantes » et des portraits de « femmes résistantes ». Point commun: ténacité et robustesse. Ces créations sont inspirées par les sérigraphies « Merci Simone » qui voient le jour dans les rues de Paris après la mort de Simone Veil. Ainsi mes « portraits-narratifs » racontent par bribe d’image, de manière un peu surréaliste, l’histoire de femmes extraordinaires auxquelles je souhaite rendre hommage.
Pourquoi « résistantes » au féminin ? À la fin de la 2nd guerre mondiale, très peu de femmes sont récompensées par des décorations : seules 6 (dont 4 à titre posthume) sont reconnues compagnons de la Libération pour 1024 hommes. Mon choix s’oriente ainsi vers des portraits de femmes exemplaires, souvent peu ou mal connues, dans le but de rendre hommage à ces rôles féminins quelques peu oubliés.
Un projet qui me tient particulièrement à cœur car j’y vois une possibilité de mettre en valeur des portraits méconnus, profondément humains et admirables qui me semble souvent plus intéressants que les figures de proue mises en avant dans les médias. Il existe tant de personnes véritablement inspirantes dans l’ombre, les « humbles héros » pour reprendre l’expression de Frédérique Bedos et son ONG « Le projet Imagine » !
Il s’agit d’un travail en cours d’élaboration qui souhaite évoluer vers ces humbles héros de notre époque, en continuant à proposer des portraits iconiques pour nourrir admiration, réflexion et qui sait, vocation ?
Sophie Scholl et “La rose blanche”
Née en 1921 en Allemagne, elle est l’un des piliers du réseau « La Rose blanche » (Die Weiße Rose), groupe de jeunes étudiants, épris de culture, littérature, musique et imprégnés d’une forte spiritualité, qui éprouveront les premiers le devoir de s’opposer à la folie meurtrière du parti nazi. Une résistance civile sous forme de tracts, fruit d’une réflexion nourrie de culture classique, distribués « sous le manteau » à partir de 1942. En 1943, après avoir lancé avec son frère Hans des tracts dans la cour intérieure de l’université de Munich, ils sont dénoncés par le concierge, condamnés à mort très rapidement et guillotinés. Sophie, drapée dans une attitude qui force l’admiration de ses bourreaux, est la première exécutée.
Le 27 juin 1943, Thomas Mann leur rend hommage sur les ondes de la BBC : « Courageux, magnifiques jeunes gens ! Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés ».
Andrée de Jongh surnomée “Dédée”
Elle naît en 1916 à Schaerbeek. Dans la résistance belge, elle est cofondatrice du réseau Comète, filière qui permet de faire évader volontaires de guerre, résistants et soldats alliés – dont de nombreux aviateurs – en les accompagnant de la Belgique vers l’Espagne. Avec la Française Marie-Madeleine Fourcade, elle est l’une des très rares femmes chefs de réseau de résistance. Capturée, Andrée avoue qu’elle est la fondatrice de la ligne d’évasion, mais la Gestapo ne la croit pas, ce qui lui sauve la vie. Internée dans plusieurs prisons, puis dans des camps de concentration, elle est libérée par la Croix-Rouge internationale en 1945.
Après la guerre, elle entame des études d’infirmière. En 1954, elle part soigner les lépreux au Congo belge puis au Cameroun, en Éthiopie et enfin à Dakar au Sénégal avant de revenir en Belgique en 1981.
Mila Racine
Vers 1922, Mila et sa famille, fuyant le régime soviétique, vont faire le choix de la France comme pays d’accueil. En 1942, elle rejoint la Haute Savoie pour devenir la responsable de section d’une organisation juive résistante, et prends en charge des convois d’enfants en les accompagnant jusqu’à la frontière Suisse. Arrêtés par une patrouille allemande lors d’un périlleux sauvetage, elle sera déportée à Ravensbrück où elle meurt en 1945. Ses compagnes de camps dont Germaine Tillion la décrivent unanimement comme une femme d’exception, apportant inlassablement aide et réconfort aux internées : « On lisait dans ses yeux (…) la ferme détermination de ne pas se laisser vaincre ni par l’ennemi, ni par ce milieu dans lequel nous vivions ». Belle, intelligente, militante, courageuse et remarquable à tous égards, Mila reste fidèle à ses idéaux : la fraternité, la solidarité et la protection de l’enfance persécutée par le nazisme.