Poly : multiple / poli : comme un galet travailler par le temps
Morphe : forme

Mon travail se décline sous différentes « formes » : techniques ( huile, encre, collage, etc. ), genres ( abstrait, figuratif ) et sujets.

La nature, mes envies, la psychologie humaine sont tellement denses et diverses que j’aime les appréhender sous différents angles et sensibilités, pour mieux en dessiner le contour et la complexité. Pourquoi choisir entre figuration et abstraction ? Encre, dessin, peinture à huile ou sérigraphie ? Qu’il s’agisse de compositions gestuelles, d’humains ou de paysages, l’œuvre se développe naturellement. Il suffit qu’elle soit porteuse de sens et d’émotion.

Dans le silence et la solitude de l’atelier, les démarches créatives sont multiples. L’impulsion : un besoin d’exprimer ce qui m’anime – me choque – me charme, un désir de beauté, un bonheur réel à manipuler la ligne, les couleurs, la matière. Selon l’impulsion, je me lance sans image préconçue, en me laissant guider par les rythmes naissants de manière abstraite et spontanée, les jeux de contrastes d’ombre et lumière qui, petit à petit, font surgir des images enfouies. Dans ces créations non-figuratives quoique très évocatrices, je chéris tout particulièrement la Nature. Une Nature multiple dont chaque ingrédient vient imprégner ma palette : les lumières si changeantes de la mer, le vent qui plie le paysage, la terre aux milles formes, textures, couleurs, les nuages qui voilent et révèlent le regard…

Cette manière de créer demande un « lâcher-prise » et une concentration très particulière qui me correspond : un moment de liberté et d’ouverture aux possibles. Pour reprendre les propos de Matisse : « Je travaille sans théorie. J’ai conscience des forces que j’emploie et je vais, poussé par une idée que je ne connais vraiment qu’au fur et à mesure qu’elle se développe par la marche du tableau ».

Amoureuse des jolis motifs, la découverte des papiers origami japonais a marqué une étape dans ma création. J’insère en effet sur la toile ces papiers aux motifs souvent floraux, comme des pierres précieuses. Ces ajouts de papiers « motivés » apportent un nouveau jeu entre abstraction et réalité.

En 2016, je participe à une résidence artistique en Chine qui devient un tremplin dans ma création en donnant naissance à de nouvelles pistes de travail ( « La bonne étoile », « Mémoire de poissons rouges », « Chevelures », etc. ). Une poésie surréaliste et symbolique s’immiscent dans mon travail et des ouvertures se créent dans mon esprit : un nouveau départ artistique s’offre à moi.

Ces dernières années, un beau mariage de l’esprit occidental et de l’Extrême-Orient anime mes oeuvres, conviant le visiteur à une promenade dans la toile au gré de son état d’esprit et de ses émotions. L’art d’Extrême-Orient est par nature une invitation au voyage du cœur et de l’esprit : le « I » et le « shen ». L’encre vous conduit dans le paysage de l’âme.

Artiste engagée dans mes choix de projet ( notamment dans la lutte contre la traite humaine en collaboration avec l’ONG Planète Enfants & développement ) et ma manière de travailler ( « au travers de l’art, épanouir la personne », Ginette Martenot) , mes recherches sur la nature et l’homme au sein de cette nature, m’amènent nécessairement à des questionnements écologiques fondamentaux, qui marquent de plus en plus mon travail. Une inlassable fascination pour la beauté du monde, un choc face aux images de transformations désastreuses induites par l’humain me poussent aujourd’hui à chercher des solutions pour mieux vivre ensemble sur cette terre. L’art est un merveilleux medium pour partager, méditer, réfléchir, s’émerveiller, ressentir : à user sans modération ! De l’art comme passerelle entre les hommes, la nature, des prises de conscience pour se mobiliser.

“Au fond, je ne suis ni peintre, ni dessinateur, ni affichiste, ni écrivain, ni graveur.
Je ne suis ni abstrait, ni figuratif. Je n’appartiens à aucune école.
Mon but n’est pas de figurer dans une histoire de l’art.
Je n’ai rien inventé, puisque je dois tout à tout le monde.
Je ne comprends pas mes images, et chacun est libre
de les comprendre
comme il veut.
J’ai seulement essayé de fixer mes propres rêves,
avec l’espoir que les autres y accrochent les leurs.”

Folon